L’orthodoxie du savoir et les sciences défendues
Il faut replacer la légende dans le contexte religieux dans lequel elle s’est d’abord développée. Au Moyen âge, dans toute la chrétienté, l’Inquisition fonctionne comme une véritable police du savoir : créée pour garantir l’orthodoxie religieuse contre l’hérésie cathare, elle étend son domaine de juridiction à tous les types de connaissances. Le savant officiel est accrédité par ses titres universitaires, il se reconnaît à sa robe et à ses privilèges ( notamment l’exonération de certaines taxes). Toutes les disciplines qui ne sont pas reconnues (et donc contrôlées par l’université) sont réputées démoniaques. Les savants musulmans (ou les savants chrétiens mais formés au contact de savants musulmans) sont disqualifiés, car tout savoir hors chrétienté était considéré comme un danger pour le salut de la chrétienté. Or quelques savants avaient compris que les dogmes universitaires conduisaient à des impasses. Ils s’enthousiasmaient pour les secteurs nouveaux de l’alchimie et des sciences naturelles. Ainsi Paracelse et C. Agrippa revendiquaient-ils à la fois leurs titres universitaires et leur initiation à d’autres sources de connaissances. Leurs démêlés avec les ordres ecclésiastiques et universitaires les transformèrent en héros de la littérature de colportage. On peut penser que la légende de la damnation du Docteur Faust participe à une contre-offensive lancée par l’appareil politico-religieux. Le savant diabolique sert de faire-valoir au portrait glorieux du savant chrétien.
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